Portfolios // Meaux

Journal d’une construction

12 mars 2023 //

Au départ, il y avait un quartier tranquille, aéré, et puis le béton est arrivé... et le quartier a commencé à devenir un peu riquiqui. Mise à jour le 12 mars 2023.

C’est l’histoire d’un quartier de Meaux...

À Meaux (77), derrière l’ancien siège du Crédit Agricole, il y avait un quartier pavillonnaire tranquille, avec un cabinet de géomètre, celui de Duris-Mauger. Autrefois, on pouvait traverser le parking du cabinet pour rejoindre le quartier Dunant. On avait une clef pour ouvrir la porte au fond du parking. Et puis, on nous a annoncé que cette clé ne fonctionnait plus. En fait, la rue qui passait dans le parking était privatisée, ce qui préparait la construction de ce que j’ai appelé la "verrue architecturale".

Voici le quartier avant :

Et le voici aujourd’hui (7 janvier 2023) :

Revivez l’histoire de la dégradation de notre cadre de vie à travers ce "Journal d’une construction"...

13 février 2020

Ce 13 février 2020, on ne parle pas encore de l’épidémie de covid, ou très peu. Je viens de faire l’acquisition d’une caméra "sportive", genre GoPro pour compléter mon équipement photographique et pouvoir prendre en photo des fresques de graffiti très larges. J’ai besoin d’une focale qui descend en-dessous de 24 mm. La caméra CrossTour, comme toutes les caméras sportives, a un très grand angle. Cela déforme l’image mais Photoshop a un module qui permet de corriger la déformation.

Ce jour-là, je me livre donc à des essais depuis mon balcon et je photographie le petit bâtiment en bas. C’est l’immeuble des bureaux du géomètre Duris-Mauger. À droite du bâtiment, il y a un petit parking réservé aux employés et aux clients. En fait, ce parking est traversé par une rue. Au fond, on aperçoit d’ailleurs une porte. Autrefois, nous avions une clef, ce qui nous permettait de rejoindre les rues situées plus haut, vers le centre commercial LIDL. Mais la porte a été condamnée.

Sur ce parking on découvre aussi des petits box. C’est là que sont stationnés les véhicules de la société, des petites camionnettes blanches utilisées par les géomètres. La patron, Duris-Mauger, est un bosseur. Il arrive avant tout le monde, part après tout le monde et vient travailler le samedi, quand le cabinet est vide.

Quand je prends cette photo, pour faire mes essais, je ne m’imagine pas que l’endroit si paisible va être totalement métamorphosé par la construction... d’un immeuble !

Mais la métamorphose du quartier où j’habite depuis 2005 ne date pas de ce début 2020... En décembre 2013, sept ans auparavant, déjà, la machine à bétonner de la mairie s’est mise en marche. En bas des deux immeubles de la Résidence de la Plage, à droite, il y avait un terrain vague bien pratique pour stationner. Et puis, en cette fin 2013, des travaux ont commencé pour préparer le terrain.

Puis en juin 2014, on a vu surgir de terre des petites maisons. Des maisons vraiment serrées !

De curieuses maisons en vérité, dont les fenêtres qui donnent sur nos immeubles sont le plus souvent fermées.

Mais on n’avait encore rien vu, même si on commençait à se sentir à l’étroit dans le quartier...

9 mai 2020

Ce 9 mai 2020, en plein épidémie, voilà que des engins s’activent dans l’espace de verdure situé entre le bâtiment du cabinet Duris-Mauger et à gauche l’ancien parking de 4 étages construit sur le terrain du siège du Crédit Agricole.

Qu’est-ce qui se prépare ? Va-t-on détruire ce parking ? En fait, l’endroit a déjà connu une métamorphose en 2013. Le 30 novembre, le petit parking qui était situé contre le parking à étages et permettait d’y entrer, est défoncé.

Toute la rue Léon Le Royer est chamboulée ! La mairie a décidé de transformer un des bâtiments inutilisé du Crédit Agricole en groupe scolaire... et en commissariat. Un commissariat dans une école, pourquoi pas ? Quelle audace !

Du coup, la Résidence de la Plage a déjà bien changé. Mais le parking a été préservé. La cour de récréation de l’école est aménagée juste aux pieds du grand bâtiment en tôle jaune.

Ainsi naquit le groupe scolaire Charles Péguy :

Le groupe scolaire Charles Péguy rue Léon Le Royer.

4 juin 2020

L’énigme est en partie résolue le 4 juin 2020 quand je découvre qu’on installe dans l’espace entre le parking et le cabinet Duris-Mauger des Algéco sur deux étages. Hum... Ça sent les travaux grandioses ! Mais lesquels ?

11 juin 2020

Le 11 juin, le mystère s’éclaircit, les travaux vont concerner l’endroit où est situé le cabinet de Duris-Mauger. Des box des voitures de la société sont démolis.

6 juillet 2020

Le 6 juillet, tout le parking du cabinet est défoncé. Des barrières sont posées. Certains box sont préservés. Etrange...

17 juillet 2020

Le 17 juillet 2020, le doute n’est plus permis. Sur le mur du cabinet une magnifique affiche est posée, qui annonce la funeste nouvelle : à cet endroit va être construit un immeuble ! 3 étages ! Un immeuble qui va en partie recouvrir le bâtiment existant !

Je m’interroge "Comment la mairie a-t-elle pu autoriser la construction d’un immeuble dans un lieu aussi étriqué ? Mais JF Copé, le maire de ma ville, est connu pour aimer le béton.

Voilà l’espace que va occuper l’immeuble. J’imagine que les propriétaires des petits pavillons derrière vont être ravis ! Et ceux des maisons collées-serrées à droite... Sans parler de ceux des premiers étages de mon immeuble !

20 novembre 2020

Plus rien ne se passe pendant quelques mois, sans doute à cause de l’épidémie et les travaux reprennent en novembre 2020. Les trous des fondations sont creusés.

Et puis plus rien.

7 avril 2021

En avril 2021, je me lance dans la création d’une série de photos de Meaux, des façades sur lesquelles je plaque des œuvres de peintres classiques. Le gouvernement a limité les déplacements à 10 km du domicile, alors je m’occupe en créant ce festival street art virtuel...

Et naturellement, j’utilise le toit du cabinet Duris-Mauger comme fond de décor pour l’œuvre de Van Gogh, "La Nuit Etoilée".

Je fais aussi une version nocturne :

Et pendant que j’y suis, je m’occupe de l’immonde parking jaune avec une autre "Nuit étoilée" du même Van Gogh :

Et je colle même un Mondrian sur la cage d’escalier du groupe scolaire, entre l’école et le commissariat.

Histoire de mettre un peu de poésie dans ce quartier qui va être défiguré.

Voir la série Meaux XXL

En fait, ce n’était pas la première fois que je tentais une métamorphose du toit horrible du cabinet de Duris-Mauger. En mai 2007 déjà, j’avais fait un montage pour montrer au géomètre que, vu de nos balcons, un toit végétalisé serait quand même plus sympa que son toit noir. Je lui avais envoyé une lettre avec un "Avant-Après" auquel il n’a jamais répondu.

13 octobre 2021

Et puis le 13 novembre 2021, les choses sérieuses commencent. Une énorme grue est installée sur le chantier :

Je photographie l’opération en détail, et surtout les exploits de l’ouvrier qui s’active tout en haut. Vertige assuré !

Voir la série : Certains métiers demandent de savoir prendre de la hauteur

21 octobre 2021

Le 21 octobre 2021, la tempête Aurore souffle toute la nuit et au petit matin, je constate les dégâts. La grue est toujours là, mais les barrières du chantier ont souffert.

27 octobre 2021

Dans les jours qui suivent je m’habitue à vivre avec une grue.

Matin…

Midi...

Et soir…

Et aussi par grand brouillard :

15 janvier 2022

Et puis au début de l’année 2022, les choses sérieuses commencent et l’immeuble sort peu à peu de terre, du moins la partie située à droite du cabinet.

Je vois qu’un espace est ménagé là où passait l’ancienne rue, et pour cause, car, d’après ce qu’on m’a dit, le réseau de géothermie qui alimente le quartier passe sous cette rue. Pas question donc de construire dessus !

20 janvier 2022

Ce qui me rassure — si on peut dire — c’est que d’autres chantiers font dans la grue eux aussi, au loin, du côté de Beauval.

13 février 2022

Les fondations étant terminées, le rythme s’accélère. Le rez-de-chaussée est terminé et on pose les câbles...

Je n’aurai pas tout perdu, je découvre les techniques de construction moderne. Quand je vois le temps que ça prend pour monter un immeuble avec des engins imposants et des techniques très sophistiquées, je me demande comment les Egyptiens ont fait pour construire la pyramide de Keops en 20 ans quasiment à mains nues.

16 février 2022

1er mars 2022

6 mars 2022

Le 1er étage approche de la fin.

Cette photo n’a l’air de rien, mais elle me rassure. La façade est éclairée par le soleil couchant qui pointe entre les deux immeubles de ma résidence. Les occupants auront donc une belle vue. C’est déjà ça. Du moins pour la partie droite. Pour la partie gauche, ce sera vue sur mon immeuble...

11 mars 2022

On bétonne le plafond/plancher...

16 mars 2022

Un énorme engin vient apporter des éléments sur la gauche, tandis que le 2e étage apparaît.

20 mars 2022

Petite balade dans le quartier pour me rendre compte de l’effet du bâtiment... Ce n’est pas terrible. Le bâtiment empiète sur la rue et je me demande quelle sera la largeur du trottoir.

Et l’immeuble est si près du mur de la maison que l’échafaudage ne passe pas !

Le quartier est déjà bien bâti !

Le 2e étage avance...

27 mars 2022

Fin du 2e étage. Il faut environ 15 jours pour faire un étage.

28 mars 2022

Tandis que le 3e étage commence à s’élever, les ouvriers s’attaquent à la construction de la partie au-dessus du cabinet Duris-Mauger.

31 mars 2022

Des traverses sont installées sur le toit du bâtiment à gauche.

3 avril 2022

Le bâtiment s’élève entre les deux immeubles de la Résidence de la plage.

16 avril 2022

La construction de la partie gauche occupe maintenant l’essentiel de l’activité. Du coup, la construction de la partie droite ralentit. Les cheminées du toit du cabinet ont été bouchées et une chape de béton a été coulée sur la partie qui devrait accueillir les appartements. Apparemment, la partie surélevée à gauche n’ira pas jusqu’à l’aplomb du bâtiment existant. Ce qui devrait arranger les pavillons riverains (si on peut dire).

En tout cas, un petit chat occupe déjà les lieux et s’amuse avec un bout de papier trouvé entre les tiges métalliques du béton armé...

19 avril 2022

À gauche, le sol de l’étage est prêt :

À droite, ça n’avance pas beaucoup :

28 avril 2022

La verrue pousse de plus en plus...

La partie gauche commence à s’élever...

Et on découvre que le logement au fond à gauche aura un balcon donnant juste sur le maison aux hauts sapins ! Quelle belle idée !

Idem d’ailleurs à droite où les logements à l’extrémité auront une joli balcon sur le terrain du pavillon d’à côté !

4 juin 2022

Les travaux traînent un peu. Les premiers éléments du toit à droite sont posés. Les fenêtres aussi.

23 juin 2022

Ça y est les charpentiers sont à l’œuvre...

Coucher de soleil sur le béton :

24 juin 2022

La charpente avance...

24 septembre 2022

Retour de vacances : la grue a disparu et la toiture est terminée. Cette masse de grisaille n’est pas très jolie. L’intégration dans le paysage est ratée. L’immeuble se présente de plus en plus comme une verrue dans le paysage.

3 novembre 2022

Les ouvriers s’activent au chevet de ce qui me semble être les canalisations de la géothermie (le chauffage de la ville) qui passent sous l’immeuble et alimentent les bâtiments en face.

8 décembre 2022

Les échafaudages ont été retirés. Les volets sont posés. Désormais, les travaux s’effectuent à l’intérieur. Plus grand-chose de spectaculaire à l’extérieur...

8 mars 2023

Ça sent la fin ! Aujourd’hui, les Algéco qui abritaient les ouvriers du chantier ont été retirés.

12 mars 2023

L’immeuble est pratiquement terminé. Il reste encore à finaliser la façade "bois" du cabinet du métreur et bien sûr à réaliser les aménagements extérieurs.

À suivre...

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